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La vérité à l’ère moderne: L’Orchestre du Centre national des Arts et Philip Glass rendent un hommage musical à Peter Jennings

Après une longue interruption, l’Orchestre du Centre national des Arts (CNA) du Canada reprend la route: il sera de retour au Carnegie Hall le 5 avril pour la première américaine de la Symphonie n°13 de Philip Glass. Hommage émouvant au journaliste canadien Peter Jennings, cette symphonie a été commandée par la famille Jennings sur le thème de La vérité à l’ère moderne. Originaire de Toronto, Peter Jennings est devenu un éminent chef d’antenne à la chaîne ABC News. Il a aussi siégé au conseil d’administration du Carnegie Hall alors qu’il vivait à New York et a fondé la section américaine des Amis de l’Orchestre du CNA. Nous nous sommes entretenus avec le directeur musical Alexander Shelley pour en apprendre davantage sur les idées qui ont donné naissance à cette soirée spéciale.

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Comment le thème «La vérité à l’ère moderne» a-t-il pris forme?

Nous voulions explorer la vérité à l’ère moderne dans notre programmation en général. En même temps, Sarah Jennings (la sœur de Peter Jennings) souhaitait commander une œuvre pour célébrer sa vie et les valeurs qu’il incarnait. Nous avons vu là une occasion parfaite, car Peter Jennings faisait fort probablement partie de la dernière génération de chefs d’antenne appartenant à un monde où il y avait confiance collective, c’est-à-dire un monde où les chefs d’antenne rapportaient des nouvelles de sources objectives et étaient vus comme la voix de la vérité.

Nous trouvions que cet angle était intéressant. Et lorsque nous parlions des compositeurs avec la famille Jennings, Philip Glass était toujours en tête de liste. Il n’a jamais hésité à intégrer des thèmes extramusicaux à ses œuvres théâtrales ou dans ses collaborations avec des musiciens pop et rock, des écrivains et des poètes. Il a été emballé par l’idée.

Comment un compositeur peut-il exprimer des idées sans utiliser des mots?

La réponse à cette question a deux parties. L’un des sujets qui m’intéressent beaucoup est le travail d’éminents psychologues du comportement, notamment dans des livres grand succès comme Système 1, système 2: les deux vitesses de la pensée de Daniel Kahneman, qui réexamine notre manière de penser et de percevoir le monde. Selon Kahneman, nous réagissons en fonction d’opinions préconçues avant de rationaliser nos décisions. On a tendance à savoir ce qu l’on veut, puis à justifier nos décisions par la suite. Cet argument veut que notre intuition – ce que Kahneman nomme le «cerveau rapide» – nous mène à un point, puis que ntore «cerveau lent» rationalise comment nous en sommes arrivés là.

Les arts peuvent aller droit au cœur de la manière dont nous interagissons avec le monde et du processus qui nous mène à prendre ces décisions intuitives. La musique, les arts visuels, l’architecture et l’écriture peuvent nous guider intuitivement vers un certain point, où la pensée rationnelle prend enseuite la relève. Si la musique arrive à stimuler notre empathie, notre pensée rationnelle pourrait commencer à nous dire: «Je devrais peut-être aimer plus; je devrais peut-être être plus sensible; je devrais peut-être faire davantage preuve d’empathie.» Si la musique que nous écoutons est violente et brutale, si elle est rythmique, si elle évoque quelque chose qui se rapporte à nos ancêtres d’il y a un million d’années, notre pensée pourrait devenir plus agressive, puis nous rationaliserions ensuite ce comportement.

Le lien qui existe entre les arts et la politique est aussi incontestable, particulièrement sous les régimes dictatoriaux. J’ai été directeur musical à Nuremberg pendant près de 10 ans. Cette ville regorge de bâtiments conçus pour pousser la population à croire les paroles d’Hitler et des nazis. Ces bâtiments sont puissants; ils viennent nous chercher.

En tant qu’artistes-interprètes, nous avons la responsabilité de nous demander: «Quel message cette œuvre tente-t-elle de faire passer?». Dans notre programme, nous jouons la Symphonie n°9 de Chostakovitch. Il l’a écrite en 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ou ce que les Russes appellent la «Grande guerre patriotique». Le régime de Staline a demandé sans équivoque à Chostakovitch d’écrire une grande symphonie patriotique, quelque chose de pompeux et de grandiose qui représenterait la verve patriotique de l’époque. On s’attendait à une œuvre ressemblant à la Neuvième Symphonie de Beethoven. Chostakovitch a plutôt écrit une pièce subversive, sardonique et sarcastique, qui a finalement été censurée. Par la suite, on ne l’a pas jouée pendant des années.

Dans sa musique, Chostakovitch exprime la vérité de l’époque de Staline, mais c’est la vérité des personnes qui vivaient cette période. Il dit: «Nous avons peut-être gagné la guerre, mais qu’avons-nous perdu? Des dizaines de millions de Russes ont été assassinés.» C’était beaucoup plus dangereux que ce que nous faisons dans les pays occidentaux d’aujourd’hui.

En tant qu’artistes, nous devons tenir compte de cette réalité. Nous devons nous assurer de ne pas jouer de façon gaie et inspirante une phrase qui n’est pas censée sonner ainsi, car Chostakovitch se trouvait tout juste sur la ligne entre l’interdit et le permis.

Il est important de se rappeler qu’en Amérique du Nord et au Royaume-Uni, il existe bien des moyens légaux d’exprimer son mécontentement. On peut contredire ouvertement un gouvernement avec des mots, de la musique et les arts. On peut remettre les choses en question, on peut se moquer. On peut s’inscrire en faux. Il demeure encore interdit de le faire dans bien des pays. Après avoir terminé cette symphonie, Chostakovitch craignait pour sa vie. C’est pourquoi je crois que nous avons le devoir de reconnaître ce qui s’est produit dans les cultures et les générations qui nous on précédés. Notre but est de faire un pont qui nous permettra de nous transporter entre avril au Carnegie Hall à New York et 1945. Le pouvoir expressif de la musique peut donner forme à ces idées.

À quoi les auditeurs devraient-ils porter attention pour entendre la vérité dans le programme?

Le programme comporte trois pièces qui traitent chacune de la même question.

La première est la symphonie de Chostakovitch, qui a été écrite explicitement dans un but politique. Elle commence sur une note légère, puis évolue en une cadence très personnelle au basson. Si l’on se replace à l’époque où elle a été écrite, l’histoire qu’elle raconte est émouvante et politique.

L’œuvre suivante est le concerto pour violon de Korngold, composé par Erich Korngold, qui s’est installé en Californie après avoir fui l’antisémitisme en Autriche. Il a écrit des pièces pour des films pendant la guerre, et c’est lui qui a défini le grand son orchestral d’Hollywood que l’on entend encore aujourd’hui. À l’époque, il avait déclaré: «Ce n’est que lorsque le régime nazi tombera que j’écrirai une autre œuvre pour la scène.» Son concerto pour violon est cette œuvre. Il évoque sa vérité à propos de ce moment. Son œuvre est lumineuse, heureuse et joyeuse et donne l’impression de s’envoler. Elle constitue l’expression d’un juif qui a dû fuir sa patrie et qui exprimait pour la première fois son sentiment de joie face à la chute du nazisme.

Enfin, Philip Glass nous propose une œuvre complètement différente. Il est très intéressant de lire ses notes. D’une part, il y dit d’être grandement intéressé à la vérité à l’ère moderne et à Peter Jennings, un Canadien de naissance et un Américain par choix. D’autre part, il y affirme qu’un compositeur qui tente d’exprimer une vérité s’aventure en terrain dangereux. Le mieux qu’il peut faire est d’écrire de la musique qu’il aime et en laquelle il croit. Ainsi, je pense qu’il laisse la porte ouverte pour qu’interprètes et auditeurs puissent entendre autant ou aussi peu qu’ils le souhaitent l’idée de la vérité à l’ère moderne.

À quoi ressemble la pièce?

Elle est très accessible. Elle est également optimiste, ce qui peut être intéressant. Elle auurait pu prendre tant de directions différentes, mais elle brille, tout simplement. Elle fait ressentir la joie de l’enfance. Elle sonne optimiste. Nous la sentons dépourvue de scepticisme, d’obscurité, en particulier en raison des mots qu’il a écrits. Nous ne voulons pas l’analyser trop en profondeur, mais la décision de Philip Glass de s’écarter d’une approche sombre ou trop cérébrale témoigne de sa propre relation avec la vérité. Il s’agit d’une approche transversale intéressante qui  fonctionne.

Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus au sujet de ce concert?

La musique est fabuleuse. Elle est vraiment fantastique. Nous avons des œuvres de Nicole Lisée, une jeune Canadienne brillante, en plus de quelques surprises qui ne sont pas annoncées dans le programme, ainsi qu’une réele diversité de voix que l’auditoire peut attendre avec impatience. L’Orchestre est tout simplement merveilleux. Je suis impatient que nos amis new-yorkais l’entendent dans ce contexte.

Le thème m’allume également. Il amplifie la musique. Il pose des questions comme: «Comment l’art se rattache-t-il à notre quotidien et s’exprime-t-il dans les conversations que nous devons avoir dans notre société? Comment peut-il améliorer ces conversations? Comment peut-il embellir notre expérience de la vie?» Je pense que pour de nombeux auditeurs, le fait d’accueillir la musique artistique dans leur  vie élargit leur perception de ce qui se passe dans le monde.

Cette musique n’est pas qu’un son agréable, bien qu’elle puisse l’être si vous le voulez. Si vous souhaitez venir au Carnegie Hall pour simplement vous asseoir et vous laisser envelopper d’un son magnifique, vous n’être pas obligé d’en faire davantage. Toutefois, si vous souhaitez également réfléchir à la manière dont ces brillants compositeurs, penseurs et humains ont interagi et interagissent avec leur époque pour dire «Voilà comment la musique peut offrir quelque chose de plus à votre perspective», alors ce programme est tout autant pour vous.

James Ehnes, artiste de l’année 2021 chez Gramophone, se joindra à l’Orchestre du CNA en tant que soliste et jouera le concerto pour violon d’Erich Korngold. Ci-après, M. Ehnes aborde sa longue relation avec l’Orchestre et le lien entre l’authenticité et la vérité dans les arts.

Qu’est-ce que cela fait de jouer à nouveau devant un auditoire après tout ce temps passé loin de la scène?

C’est agréable. Et étrange. Quand je repense à tout ce que nous avons fait pour essayer de garder l’industrie vivante, j’ai l’impression de vivre un drôle de rêve. Maintenant qu’on revient peu à peu à la normale, tout est encore mieux.

Il s’agit d’un événement spécial pour le Canada et sa relation avec les États-Unis à plusieurs égards. Dans quelle mesure est-il important pour vous d’y prendre part?

Il serait difficile d’exagérer à quel point c’est important pour moi. Le Centre national des Arts, en tant qu’organisation, revêt une grande importance au Canada. Il s’agit de l’un des plus grands honneurs d’y être associé et d’entretenir une relation de longue date avec l’Orchestre. Mon premier concert avec l’Orchestre a eu lieu il y a 29 ans; j’en garde de très bons souvenirs.

Le dernier concert de l’Orchestre à New York remonte à plusieurs années, j’ai donc très hâte que le public d’ici puisse vivre l’expérience d’un orchestre de renommée mondiale qu’il n’a pas entendu depuis un certain temps. Je suis également très heureux que les musiciens puissent repartir en tournée et se produire dans une ville étrangère, devant un auditoire passionné. C’est une réelle motiviation pour eux. Jouer devant une caméra, ça n’a pas le même effet.

D’un point de vue personnel, c’est un projet spécial qui arrive à un moment poignant. J’ai vécu huit ans à New York, que j’ai considéré comme mon chez-moi pendant une importante période de ma vie. Le fait de réunir mes amis avec l’Orchestre du CNA et de me produire dans une ville qui compte beaucoup pour moi, c’est vraiment spécial. S’ajoute à tout ça la fébrilité de jouer dans un endroit aussi magnifique. Il y a quelque chose de magique au fait de se produire au Carnegie Hall – tous les musiciens sont enchantés d’y jouer.

De nombreux compositeurs se sont servis de la musique pour véhiculer des idées et des concepts. Selon vous, de quelle façon la musique véhicule-t-elle ou aborde-t-elle l’idée de vérité?

Je pense qu’au bout du compte, l’authenticité de l’artiste est ce qui suscite la réaction la plus sincère chez l’auditoire. On peut assister à un concert vraiment excellent, ou encore à un concert que l’interprète considère comme ordinaire. Peut-être a-t-il fait une fausse note ou a-t-il joué à contretemps pendant un moment. Ou encore, on pourrait ne pas aimer l’interprétation d’une œuvre. Cependant, au bout du compte, rien n’a plus d’importance que noter impression de l’authenticité des interprètes.

C’est pourquoi il y a une telle variété dans le monde de l’art, qui reflète par le fait même la diversité humaine. Lorsqu’un compositeur écrit à propos d’une idée, il le fait uniquement selon sa propre compréhension ou son expérience personnelle. Au moment d’une représentation, un lien se crée entre les consommateurs de produits artistiques et l’idée véhiculée par le produit. La vérité peut avoir une signification différente pour chacun d’entre nous. Je suis convaincu que c’est la raison pour laquelle les gens se tournent vers l’art: il peut représenter exactement ce dont ils ont besoin.

Qu’espérez-vous que l’auditoire tire de cet événement?

Je n’ai pas d’attentes envers mes auditoires. Lorsque je me produis, je ne pense pas qu’il me revient de demander au public d’en tirer quelque chose de précis et je ne m’attends pas à ce qu’il le fasse. De manière très générale, je souhaite que les gens en tirent ce dont ils ont besoin. Nous vivons une période terriblement complexe à de nombeux égards. La musique étant une forme d’art extrêmement puissante mais indéfinissable, je pense qu’elle peut être perçue de différentes façons par chacun.

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